mardi 30 décembre 2008

Verset III: Coeur de pierre, nerfs de glace.

Rester de marbre, goûter la vie tel un androïde. Tu veux du bonheur ? Prends quelques grammes d'héroïne. Je ne suis pas de votre Monde, je n'ai rien demandé. Ne reçoit d'ordre ni d'eux, ni des Cieux, malchanceux d'être né. La Haine est ce que l'Amour a enfanté de meilleur. L'Âme et le Coeur brisé par la Vie ne portent que Tristesse et Pleurs. Je porterais le haut turban, non pas par conviction. Mais pour faire peur aux gens, apporte le feu et l'essence pour votre extrême onction. Terrifiante pulsation, je vomis ces mots un revolver sur le front. Dernier round face à moi-même, ultime confrontation. Sales fils de putes, je suis l'Être Suprême en mon Corps et mon Esprit. Ne dictez pas ma conduite en ces lieux, ou vous crèverez aussi. Sur vos Lois, vos Dieux, vos États, c'est la mort que la Faucheuse sème. N'y a-t-il décidément que dans les rêves que je sais dire je t'aime.

jeudi 18 décembre 2008

Verset II: Les ombres sont des rêves dans le désert des espoirs déçus

Adolescent à vingt ans, je ne suis qu'un petit rêvant d'une vie normaleEnvie de pleurer parfois, seul dans mes songes, c'est un de ces jours où j'ai mal. Face à face avec moi même, je me sens comme un fils d'Iblis. Je descends aux Enfers, où serait-ce l'obscurité qui me brûle l'iris. Chemin désespéré pavé de sang entre un flingue et une bouteille de vodka. Alors je vis au jour le jour, l'esprit déjà projeté dans l'Au-delà. Tant il est vrai que tout les chemins de la vie mènent à la mort. Que me reste-t-il ? Verser mon sang ou donner mon âme pour l'Éternel. Ou bien pour cinq minutes de plus à Sodome et Gomorrhe. La bête humaine existe, mais qui aurait cru que naître serait cruel. Le temps, l'innocence perdue et les souvenirs font de nous des rois déchus
Les ombres sont des rêves dans le désert des espoirs déçus.



mardi 18 novembre 2008

Verset I: La différence entre l'Humain et l'Animal ? L'Humain sait quand il fait souffrir.

Quelques gouttes suffisent dirait Ärsenik. Je suis trop haut, mortel, en direct depuis Spoutnik. Nique sa mère la politesse et les usages ! Je suis l'être humain, mais du côté obscur, le teint de mon visage. Adam et Eve ne veulent pas de moi, je coucherais donc avec Iblis. Je reviendrais des Enfers, comme Héra, purifié, dans les traces d'Iris. Le coeur glacé et torturé, luttant chaque jour contre l'avancée des flammes du mal. Le majeur levé, un noeud dans les entrailles, je rêve de crime et de suicide, violence normale. Morphée crève égorgé, les bras scarifiés, je dors mal... Voire pas du tout. Serais-je immortel ? Dans mes songes, je suis un photographe, figeant la peur, la douleur et la mort. Je me réveille avec un flingue et une photo de moi. Je voudrais changer, tout réécrire, jeter ce texte à la corbeille.  Je suis un missile fonçant droit sur la lune. Peu patriote, j'emmerde l'identité, j'ai trop de SCUD pour leurs Patriots. Je vis sur Terre, pas en France... Je ne prendrais pas d'avocat, même si les juges me blessent, leur Justice n'est en fin de compte que celle des Hommes.

samedi 11 octobre 2008

Errances intérieures

       Je contemplais l'univers au travers de mes songes, laissant mon âme voguer sur les flots de l'espace. Je voudrais aller nulle part, ne pas me soucier du chemin que j'emprunte. Une porte s'ouvre, j'entre. Je suis un guerrier combattant sabre au poing, l'air empeste le sang et la sueur sur ce champ de bataille venu d'ailleurs... Où bien est-ce moi qui pars... Soudain, la douleur me foudroie. Je sens un liquide chaud couler sur mon ventre. Je passe ma main sous ma cote de maille et mes doigts deviennent écarlate. Je lève les yeux, je la vois. Elle, qui de sa flèche m'a transpercé le coeur. Je soutiens son regard, mais le mal est trop fort et je mets un genou à terre. Mes pensées se brouillent et je bascule... 

     Je me relève dans mon lit, mes mèches noires trempées comme après avoir pris une douche. Je suis encore habillé. Je porte un pantalon slim et un t-shirt imprégné de transpiration, un bracelet arc-en-ciel orne mon poignet droit... Ma chambre est spacieuse, une batterie dans un coin, mon bureau, mes disques... Un poster de David Bowie au-dessus du lit. De la fenêtre ouverte, souffle une brise légère de début d'été. Je m'approche et observe la nuit tombant sur la ville... San Francisco... En-dessous, la porte du jardin s'ouvre. Un garçon me fait signe. Il a seize ans, comme moi, les cheveux châtains, les yeux vert, d'une beauté éclatante, habillé comme moi, un keffier en plus. Je descends le rejoindre après avoir changé de t-shirt. J'ouvre la porte, il m'enlace et m'embrasse... Je ferme les yeux... 

      Je suis bousculé violemment. Autour de moi, la foule s'agite et gronde. La rage du peuple, l'odeur du soufre, les fusils qu'on charge, les barricades qu'on dresse... Je suis un Gavroche, arpentant les rue de la capitale. Les insoumis se révoltent en cette année 1848, les souffrances du peuple battent un pavé parisien aussi rouge que les drapeaux qu'il arbore. En face, la répression avance telle une marche funèbre, mortelle. Dans un bruit sourd, les balles se mettent à fuser. J'essuie mon front en sueur, noircit par la poussière. La foule crie, je crie... Le hurlement d'un canon déchire le voile de fumée, partout, la chair et le sang se répandent. J'aurais dû vomir, mais la haine est plus forte que le dégoût. Je ramasse un pistolet et tire droit devant moi. Les fusils répondent tel un écho de mort... Une balle me frappe... Je tombe... Puis l'obscurité...

      Le noir m'entoure de son manteau glacé comme la crosse de l'arme que je porte. Le gros Magnum 44 étire mon bras de tout son poids, le poids du sang. Je suis dans une maison. De la porte entrouverte sur ma gauche, la lueur d'une télé projette ses couleurs sur le mur d'en face. Lentement, je jette un oeil dans la pièce. Un couple regarde les infos, une foule en délire célèbre l'arrivé d'un ordre moral au sommet de l'Etat. Mais peu m'importe. Brutalement je rentre dans le salon, des yeux se braquent sur moi... Avec le sang-froid d'un photographe professionnel, j'éternise ces visages déformés par la surprise et la peur. J'attend en vain que les regrets me montent au coeur, pendant d'interminables minutes... Alerté par le bruit, un jeune homme descend de l'escalier. Je reste stupéfait devant ses trait familiers. Mon poignet bouge comme guidé par un autre, je pointe l'arme vers le garçon... Le coup part en pleine tête... J'ai juste le temps de sentir le sang chaud couler sur ma joue...

      Une douleur aigüe me foudroie la mâchoire. Un filet de sang ruisselle, près de ma lèvre, et son goût révulsant envahit ma bouche. Mais je n'y prête pas attention. Le visage déformé par la haine, mon adversaire revient à la charge. Mon corps, en transe, insensible, réagit à une vitesse fulgurante. D'un mouvement circulaire, ma jambe fouette l'air et mon tibia vient heurter avec une violence inouïe la tête du skinhead. Un craquement sourd se produit, suivit du bruit d'un corps qui chute lourdement. Puis tout s'accélère. Deux autres partisans néo-nazis se jettent sur moi, lâchant une flopée d'injures racistes et homophobes. La haine engendrée étouffe la douleur des coups. Je me bats, j'encaisse, je rends oeil pour oeil et dent pour dent. Je n'entend pas le clic de la lame à cran d'arrêt... La couteau pénètre mon abdomen...


      Je lève la tête, j'ai un tableau de retard. Le cours de la réalité avance. Inexorablement. À ma droite, on commente la leçon... Ou bien le professeur. À ma gauche, mon camarade de promo fixe ma feuille blanche. Je tourne la tête vers lui. Nos regards se croisent... Un instant... Je m'accroche... Mais j'ai un tableau de retard. Et je commence à écrire...